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Quand l’Asdel devient LIVRESUISSE

par | 7 janvier 2020 | Chroniques de l’édition, Interviews

Fin 2019, l’Association Suisse des Diffuseurs, Éditeurs et Libraires (ASDEL) a changé de nom pour devenir LIVRESUISSE.
En 2017, les Éditions Loisirs et Pédagogie ont rejoint l’Association suisse des diffuseurs, éditeurs et libraires (Asdel), qui représente et défend les intérêts des métiers du livre. Afin d’amener une meilleure visibilité en Suisse et à l’étranger, l’association s’est transformée en LIVRESUISSE en novembre 2019. Explications avec son secrétaire général, Olivier Babel.
Portrait d'Olivier Babel à son bureau

Olivier Babel, secrétaire général de l’association LIVRESUISSE.

Fondée en 1866, rebaptisée en 1975, refondue en 2003, l’Association suisse des diffuseurs, éditeurs et libraires (Asdel) bénéficie d’une longue histoire à promouvoir le livre et ses acteurs. En 2019, poussée par les nouveaux impératifs du marché, l’association change à nouveau de visage, de site et de logo pour devenir LIVRESUISSE. Une démarche nécessaire pour mieux représenter les activités de l’association ainsi que les métiers du livre auprès du grand public. Entretien avec son secrétaire général, Olivier Babel, qui se définit lui-même comme la «cheville ouvrière» de l’association.

 

Asdel se transforme en LIVRESUISSE: pourquoi ce changement de nom?

Olivier Babel: Parce que nous avons réalisé que l’acronyme Asdel n’entrait pas assez en résonance avec les gens. Par ailleurs, le nom complet – Association des diffuseurs, éditeurs et libraires – est trop long. Nous avons pu observer ce problème notamment lors de notre présence dans les principaux salons littéraires internationaux, comme Bruxelles, Paris, Montréal, Francfort ou Alger, où personne ne connait l’Asdel. De fait, nous nous présentions sous le nom d’«Éditeurs suisses». Toutefois, cette option n’était pas assez fédératrice, car elle ne faisait pas état de tous les pôles professionnels de l’association. D’où le nom de «Livre suisse», qui regroupe tous les domaines et toutes les facettes des métiers qui font la richesse de l’objet livre.

Avec cette nouvelle identité, nous voulons optimiser nos actions pour rayonner sur le territoire francophone, en Suisse et au-delà de ses frontières.

Concrètement, qu’implique ce changement d’identité?

Notre structure a toujours été active sur le plan associatif et politique. Nous souhaitons conserver cette identité, mais de manière plus forte et cohérente. En peu de mots, cette nouvelle impulsion implique une meilleure communication, notamment un changement de logo et un nouveau site. Le but, à terme, est de renforcer notre visibilité auprès du public. Avec cette nouvelle identité, nous voulons optimiser nos actions sur le territoire suisse et être encore mieux représentés auprès des pouvoirs publics, comme les parlementaires, Pro Helvetia ou les services culturels cantonaux. Par ailleurs, en gardant le siège à Lausanne, nous conservons un ancrage central, idéal pour rayonner en Suisse et au-delà de ses frontières.

 

Quels sont vos principaux chevaux de bataille?

Ils sont nombreux! L’un de nos objectifs principaux est d’augmenter notre présence sur les territoires français et belge. La Quinzaine du livre suisse, lancée cette année, va dans ce sens. Il s’agit mettre en avant l’offre éditoriale suisse pendant deux semaines de février dans des librairies partenaires. Elle sera d’ailleurs reconduite en 2020.

Photo d'une vitrine de librairie lors de la La Quinzaine du livre suisse.

La Quinzaine du livre suisse, lancée cette année, vise à augmenter la présence sur les territoires français et belge. © Photo LIVRESUISSE

Parmi les combats plus politiques, nous tentons de négocier des tarifs préférentiels avec la Poste suisse et les transporteurs pour l’envoi de livres. Pour le moment, La Poste ne propose de tels accords qu’à des géants comme Amazon. Un comble, puisque ce sont eux qui en ont le moins besoin. Dans la même perspective, nous avons mené le combat pour garantir un juste prix du livre, sans succès puisqu’un référendum a combattu le projet de loi. En effet, en Suisse, il n’existe pas de prix unique, alors que cette loi est appliquée en France. Cette liberté mène à de grandes disparités entre les petites et les grosses entreprises, qui peuvent davantage adapter les prix pour attirer plus de clients.  Pour autant ce combat n’a pas été vain car il a permis de fortes avancées en termes de soutiens publiques cantonaux et fédéral.

Enfin, si l’association chapeaute actuellement la formation de libraire, il n’existe aucune formation, en Suisse, pour les métiers de diffuseur et d’éditeur – une lacune à laquelle nous aimerions remédier par la mise sur pied progressive de modules de formation continue.

 

Parmi les trois pôles que vous représentez, les libraires semblent les plus exposés aux récentes mutations du marché, notamment avec la concurrence des plateformes de vente en ligne. Quelles sont les pressions auxquelles la profession est exposée?

Bien sûr, les libraires sont en première ligne, au propre comme au figuré. Ce sont eux qui, au bout de la chaîne de production, défendent le livre auprès des lecteurs. Même si le temps de lecture global diminue, ils continuent à faire des ventes. Or, les gens se rendent de moins en moins en librairie, car tout est disponible en ligne, rapidement et, souvent, à des prix imbattables. Par ailleurs, face à la surabondance éditoriale, ils se retrouvent à vendre les mêmes livres, c’est-à-dire les best-sellers, sur lesquels les lecteurs finissent par se rabattre. Pourtant, les libraires ne veulent pas d’aide publique. Ils demandent simplement de pouvoir bénéficier des commandes publiques (écoles, biliothèques), sans concurrence déloyale, surtout au niveau des prix.

Malgré le fait que le marché s’étend sur un petit territoire, nous bénéficions d’un grand nombre de lecteurs.

Le milieu du livre représente en effet un paradoxe: on le dit en crise, mais la Suisse romande semble bénéficier d’une belle vitalité. Comment l’expliquez-vous?

Nouveau logo de LIVRESUISSE, blanc sur fond rouge.

LIVRESUISSE, la nouvelle identité de l’Asdel.

Il est difficile de tirer des conclusions, car nous ne disposons pas – ou de peu – de statistiques sur le marché du livre en Suisse romande, autre chantier que LIVRESUISSE s’apprête à ouvrir. Toutefois, malgré le fait que le marché s’étend sur un petit territoire, nous bénéficions d’un grand nombre de lecteurs. Cela nous a toujours sauvés. Aujourd’hui, un signe favorable sur la santé du livre est que le domaine attire toujours autant de personnes. Parmi les librairies, De cap et de mots et Bostryche, respectivement à Bulle et à Bienne, ont ouvert ces dernières années et sont devenues membres de l’association. En ce qui concerne le pôle éditeurs, de nouvelles maisons émergent (pas moins de cinq personnes m’ont contacté il y a peu pour obtenir des informations pour lancer leur maison d’édition). La relève est là, elle est dynamique. Maintenant, se pose aussi la question de la transmission, et j’espère que LIVRESUISSE aura son rôle à jouer, tant au niveau des professionnels que du public.

 

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