Les autochtones ne sont jamais les meilleurs connaisseurs de leur pays: c’est peut-être particulièrement le cas des Suisses, séparés en quatre régions linguistiques dont on peine souvent à franchir les frontières. Après vous avoir donné à découvrir une sélection de lieux incontournables du Japon, nous vous proposons un florilège d’une terre proche et pourtant méconnue à travers une liste inspirée du livre 60 lieux à découvrir en Suisse, d’Henri Rougier. Découvrez 7 (bonnes) raisons de traverser le röstigraben!
1. Berne
Cinquième ville en termes démographiques, Berne n’en est pas moins la capitale de la Suisse. Perchée sur une colline, la cité n’est peut-être pas si exotique que cela pour tous les pendulaires qui s’y rendent quotidiennement pour le travail, mais elle est une véritable porte d’entrée sur le territoire suisse-allemand. Sa vieille ville est cernée par les méandres de l’Aar, un fleuve qui voit chaque année des milliers de personnes descendre son cours en bateau pneumatique ou à la nage. La cité rend honneur à son identité héraldique avec le fameux parc aux ours. Mais l’attraction la plus célèbre de la ville reste le Palais fédéral, symbole pérenne de l’État fédéral suisse, le plus vieux système démocratique du monde.
2. Le lac des Quatre-Cantons
Bienvenue au cœur de la Suisse! Région qui donne une belle illustration du Sonderfall helvétique, le lac des Quatre-Cantons est bordé, comme son nom l’indique, des cantons de Lucerne, Schwytz, Uri, Unterwald (formé par les demi-cantons d’Obwald et Nidwald). C’est sur les berges du lac qu’aurait été proclamé le serment du Grütli, sur la prairie du même nom, qu’on peut rejoindre à pied depuis Seelisberg. Il s’agit d’un des mythes fondateurs de la Suisse: des confédérés s’y seraient réunis pour prêter serment d’assistance mutuelle en cas d’une agression des baillis autrichiens. Malgré sa portée dans l’imaginaire collectif, il s’agit d’une hyperbole du pacte fédéral de 1291, qui a donné naissance à la démocratie helvétique. Si cette histoire relève davantage du mythe que de la réalité, la beauté de la région, quant à elle, vaut largement le détour!
3. Bâle
Troisième ville la plus peuplée du pays – après Zurich et Genève – Bâle se situe à la frontière de l’Allemagne et de la France. Tout comme Berne, son homologue d’initiale, son centre médiéval vaut amplement le détour: on peut y admirer la Basler Münster, ou cathédrale Notre-Dame de Bâle. Tout comme celle de Lausanne, cette dernière est devenue protestante au XVIe siècle suite à la Réforme. Les aficionados d’art trouveront leur bonheur avec le musée Tinguely ou la Fondation Beyeler. Pour les petits et les grands enfants, une autre attraction de taille est le zoo de Bâle, surnommé Zolli par les Bâlois, qui permet d’apercevoir des animaux du monde entier, dont les panthères des neiges.
4. Les chutes du Rhin
Moins vertigineuses que les chutes du Niagara, celles du Rhin sont les plus fortes en Europe en termes de volume des eaux. Le record de débit enregistré est de 1260 mètres cubes par seconde (c’était en 1965), et le record d’étiage – ou sécheresse – date de 1921 avec 95 mètres cubes par seconde. Toutefois, la particularité de l’endroit réside dans les îlots calcaires sculptés par les flots, qui datent du Jurassique – période géologique qui précède le Crétacé, qui a vu la disparition de près de 90% des espèces terrestres. En Suisse, on trouve ce type de roches sur l’ensemble du plateau: il s’agit de roches sédimentaires friables qui se délitent facilement avec le temps. Il en résulte ces promontoires de taille étrange, dont la partie inférieure disparaît chaque année un peu plus avec le courant.
5. Le Cervin
Vue emblématique de la Suisse, le Cervin figure au palmarès des attractions suisses les plus visitées. Culminant à 4478 mètres, la montagne n’est de loin pas le plus haut sommet d’Europe. À quelques dizaines de kilomètres à vol d’oiseau, le Mont-Blanc, lui, se dresse à 4810 mètres. Sa célébrité est plutôt due à sa forme géométrique, ainsi qu’à son origine hybride. Comme d’autres lieux valaisans, tel le vallon de Moiry, le paysage autour du Cervin a été marqué par la plaque tectonique africaine, passée au-dessus de celle européenne, il y a 32 millions d’années. Le Cervin actuel est le produit de ce «métissage» géologique, et la raison pour laquelle, en allant vous promener, vous trouverez autant de cailloux issus de l’érosion de roches sédimentaires – communes dans tout le reste du pays, notamment dans le Jura – que magmatiques, à l’instar des magnifiques serpentinites de couleur vert foncé.
6. Parc national suisse
Amateurs de randonnées, réjouissez-vous: la Suisse possède un parc digne de Yellowstone ou Yosemite national park. Situé en Engadine, dans les Grisons, le Parc national suisse s’étend sur 170 kilomètres carrés et propose plus de 80 kilomètres de randonnées, desquels on peut apercevoir des cerfs, des bouquetins ou des marmottes. Peut-être pour se faire le digne reflet de la mentalité suisse, les interdits y sont légion: défense de sortir des sentiers de randonnées pédestres, de faire des feux ou encore d’y amener des chiens (et ce n’est pas fini!). Mais quand on se rappelle qu’il s’agit de préserver la faune, la flore et la beauté de la région, on se dit que certaines règles ont parfois du bon.
7. Le Säntis
Au fond de la Suisse – ou au tout début pour les Appenzellois, c’est selon – le canton d’Appenzell n’est pas seulement connu pour avoir été le dernier canton de Suisse à avoir accordé le droit de vote aux femmes, en 1991. La région est renommée pour ses activités agraires et son riche héritage culturel – c’est de là que vient la pratique de la Silvesterkläuse, qui voit des hommes vêtus de riches déguisements frapper aux portes des fermes la nuit de la Saint-Sylvestre. Surtout, elle donne à découvrir le massif de l’Alpstein, dont l’une des randonnées les plus connues consiste à monter jusqu’au sommet du Säntis, à 2502 mètres de hauteur. Étape obligée sur le sentier, les randonneurs auront le plaisir de s’arrêter à l’auberge Äscher, perchée contre les flancs calcaires du Wildkirchli, ou «petite église sauvage». Avec sa pente vertigineuse, le nom de la paroi rocheuse est bien donné!
Paroles d’expertsCette liste est inspirée de l’ouvrage 60 lieux à découvrir en Suisse, du géographe Henri Rougier, qui invite à l’évasion dans les endroits les plus emblématiques et insolites du pays. Aux Éditions Loisirs et Pédagogie, l’habitude de décortiquer les paysages helvétiques ne date pas d’hier: en 2005 sortait la première édition du Cervin est-il africain?, du géologue Michel Marthaler, et un prochain ouvrage, Le barrage de Moiry est-il africain? est en préparation pour 2019. |
Pour aller plus loin
- 60 lieux à découvrir en Suisse: itinéraire d’un géographe d’Henri Rougier