Le 2e pilier est au centre du système de sécurité sociale en Suisse, et pourtant il est mal connu. Est-ce en raison de son nom quelque peu barbare, qui laisse supposer que l’on est censé déjà connaître parfaitement le 1er pilier? Est-ce à cause du jargon que l’on y associe, avec des termes comme primauté des prestations, primauté des cotisations, ou salaire coordonnée LPP? Sommes-nous effrayé-e-s par la complexité des calculs liés au taux de conversion, au taux d’intérêt technique ou au taux d’intérêt minimal LPP?
Le nouvel ouvrage aborde un thème très actuel, à savoir l’investissement socialement responsable.
C’est sans doute un peu de tout cela à fois. Pourtant, presque toutes les personnes salariées de Suisse sont concernées par le 2e pilier, car il est obligatoire pour tout salaire annuel supérieur à 21’330 francs. Chaque mois, employeurs et salariés cotisent pour financer les futures retraites: une première fois pour le 1er pilier (plus communément appelé AVS, pour Assurance-vieillesse et survivants) et une deuxième fois pour le 2e pilier (plus communément appelé LPP, pour Loi sur la prévoyance professionnelle). Comprendre le fonctionnement de ce système, c’est donc comprendre à quelle sauce chacune et chacun sera mangé le jour de sa retraite.
Publié pour la première fois en 2010 en collaboration avec la société de conseil en prévoyance Pittet Associés, Le 2e pilier vient d’être réédité dans une version entièrement mise à jour. En plus de tenir compte des réformes récentes ou en cours, il propose plusieurs nouveaux chapitres, notamment sur les plans 1e, qui permettent aux haut salaires de choisir la stratégie de placement pour une partie de leurs avoirs de prévoyance, et l’investissement socialement responsable (ISR) qui introduit la notion de durabilité au sein des placements des institutions de prévoyance.
Membre de la direction chez Pittet Associés, Guy Longchamp a supervisé la mise à jour de l’ouvrage.

Membre de la direction chez Pittet Associés, Guy Longchamp a supervisé la mise à jour de l’ouvrage. © Photo Pittet Associés
Quelles sont les principales nouveautés de cette nouvelle édition?
Guy Longchamp: Les principales nouveautés ont trait aux nouvelles dispositions sur le droit du divorce et aux règles relatives aux plans 1e. L’ouvrage aborde également un thème très actuel, à savoir l’investissement socialement responsable. Ce mode d’investissement, volontaire, concerne évidemment en premier lieu les institutions de prévoyance, mais ces dernières sont régulièrement interpellées par des assurées et assurés qui souhaitent qu’elles en «fassent plus» dans ce domaine, alors qu’aucune disposition légale ne les y contraint – du moins pour l’heure.
Quels sont les grands défis auxquels les professionnels du 2e pilier ont dû faire face ces dix dernières années?
Les institutions de prévoyance doivent faire face à une baisse des attentes de rendement, alors que le minimum LPP n’a pas ou quasiment pas varié, en particulier le taux de conversion. De plus, elles doivent composer avec une complexification croissante du cadre légal et réglementaire.
La réforme dite «Prévoyance vieillesse 2020» a été refusée par le peuple suisse en 2017. Elle prévoyait notamment d’amener l’âge de la retraite des femmes à 65 ans et de baisser le montant annuel des rentes pour tenir compte de l’espérance de vie plus élevée (diminution du taux de conversion de 6,8% à 6%). Comment voyez-vous l’évolution de la situation ces prochaines années?
Un nouveau projet est en discussion actuellement, sous la forme d’un compromis trouvé entre les partenaires sociaux. Son but reste le même, à savoir prévoir rapidement une baisse du taux de conversion, avec toutefois une compensation de cette baisse. Cette proposition, qui ne fait pas l’unanimité, sera probablement soumise au vote populaire ces prochaines années.
Dans quelle mesure la crise actuelle change-t-elle également la donne pour les institutions de prévoyance?
La crise actuelle, à court terme, ne change rien pour les institutions de prévoyance. Elles ont constitué des réserves, notamment à la suite d’un bon exercice 2019. La prévoyance professionnelle se conçoit dans le long terme. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter outre mesure.
Comprendre la SuisseLe 2e pilier s’inscrit dans la collection Comprendre, dont chaque titre met en lumière une facette du pays. Écrits dans un langage accessible et illustrés par le regretté Mix & Remix, les ouvrages abordent de nombreux thèmes de société, dont les institutions politiques, l’économie, l’histoire ou la géographie. En 2013, elle a reçu le Prix de démocratie de la Nouvelle Société Helvétique, qui récompense des œuvres ayant contribué à développer le dialogue de l’État avec les citoyens ainsi que la participation démocratique. |
Pour aller plus loin
- Le 2e pilier, Pittet Associés, Éditions Loisirs et Pédagogie, 2020
- Tous les ouvrages de la collection Comprendre