«Le jeu.» Voici ce que Jean-Claude Bossel perçoit comme dénominateur commun de ses activités de compositeur, peintre et passionné des mathématiques. Une affirmation a priori paradoxale quand on sait que cet enseignant au Gymnase Auguste Piccard à Lausanne a pris presque quinze années à mettre sur pied une méthode conséquente et rigoureuse. Dotés de solutions détaillées, les sept titres de la collection BAC-CH traitent de thématiques qui vont de l’algèbre aux probabilités, en passant par la géométrie et l’analyse. Si les mathématiques représentent un sujet austère pour de nombreuses personnes, l’auteur souligne leur caractère ludique, voire artistique: «Ne dit-on pas une démonstration élégante? Qu’est-ce que cela veut dire? Il faut de l’imagination pour faire des mathématiques, comme en peinture ou en musique.»
«Il faut de l’imagination pour faire des mathématiques, comme en peinture ou en musique.»
Entre mathématiques et musique
Pour Jean-Claude Bossel, qui voit une réelle continuité entre ces disciplines, rien ne prédestinait particulièrement à une carrière d’artiste. Né en 1957 à Vevey, il grandit au sein d’une «famille aimante». Comme tous les enfants, il fait les premières expériences de création à travers le jeu. «Avec mon frère, nous appelions souvent nos parents pour leur montrer la belle tour que nous avions pris le temps de construire, avant de la détruire avec jubilation!» Lorsqu’il est âgé de huit ans environ, il commence à apprendre le violon, une activité qu’il poursuivra en tant qu’amateur éclairé, tout en obtenant un diplôme d’enseignement des branches théoriques au Conservatoire de Lausanne. À ce stade, pourtant, le dessin ne fait pas encore partie de ses penchants de prédilection: «Je n’étais pas un enfant qui avait un bon coup de crayon. Je dessinais, oui, mais sans avoir un don particulier pour ça.»
C’est à l’Université de Lausanne qu’il obtient une licence en mathématiques, suivie d’un cursus en sciences de l’éducation à l’Université de Toulouse-Mirail. Puis, il devient enseignant au niveau du secondaire II en 1982. Petit à petit, il élabore ses cours, expérimente, regarde ce qui marche. «En tant que jeune prof, j’étais un peu perdu. Heureusement, de nombreux collègues plus âgés m’ont aidé en début de carrière, en me fournissant des bribes de cours et des polycopiés.» Lorsqu’il estime avoir fait le tour des moyens disponibles, il élabore ses propres outils. «D’abord, ça a commencé par des fiches. Puis, à un moment, j’ai éprouvé le besoin de créer ma propre méthode.» Après dix ans à la concevoir, la collection BAC-CH voit le jour avec le premier tome en 2006, suivi par les six autres, jusqu’en 2015.
«L’être humain oscille constamment entre un besoin psychorigide de sens et un penchant naturel pour le désordre.»
Une création de mathématiques, de musique et de peinture
C’est d’ailleurs dans sa salle de classe que Jean-Claude Bossel se découvre une inclination pour le dessin. «Je faisais toujours des démonstrations géométriques aux tableau noir. À la fin du cours, mes collègues s’extasiaient de mes compositions graphiques, auxquelles je n’avais jamais attribué une valeur artistique! Puis, petit à petit, l’idée de peindre a aussi fait son chemin.» Alors qu’il a toujours poursuivi une activité de compositeur à côté de «l’activité lucrative» de l’enseignement, il commence à déployer une création plus vaste, à la croisée de la musique, des mathématiques et de la peinture.
Aujourd’hui, c’est dans deux halles d’une entreprise de plastique que ce père de deux enfants a installé son atelier, où des airs de musique classique s’élèvent en arrière-fond. Aux murs s’alignent des séries de peintures à l’acrylique. Tracés dans la matière, des éléments se répètent. Équations, figures géométriques, suites de chiffres et… les lettres BACH. Elles évoquent ici non sa méthode de mathématiques, mais le motif musical B-A-C-H en notation allemande (à savoir: si bémol – la – do – si bécarre), qui forme également le nom de famille du célèbre compositeur allemand. Ici, c’est aussi une œuvre personnelle qui se déploie, dans un langage pluriel, à la croisée entre peinture, mathématiques et musique.
Sur une série de douze tableaux, intitulés «Opus 28» en hommage au quatuor à cordes du compositeur autrichien Anton Webern, le chiffre douze se décline au gré de la figure du dodécagone. Pris ensemble, ou de manière séparée, ils semblent former une composition mathématique et musicale à la fois harmonieuse et dissonante. Quand on lui demande la raison de cette nécessité qui l’anime à faire figurer les mathématiques dans l’art – et vice-versa –, il réfléchit un instant, avant de répondre: «Peut-être parce que l’être humain tend paradoxalement autant vers la création que la destruction. Il oscille constamment entre un besoin psychorigide de sens et un penchant naturel pour le désordre.» En l’entendant, on ne peut s’empêcher de penser à l’image de cet enfant qui construisait sa tour pour la détruire – et recommencer, inlassablement.
Les mathématiques pas à pasDéclinée en sept volumes thématiques, la collection BAC-CH offre un outil d’apprentissage complet pour les mathématiques de niveau standard au secondaire II. Organisé en rubriques thématiques numérotées et doté de solutions détaillées, chaque titre offre un usage très souple pour les enseignants, qui peuvent organiser leurs cours en toute liberté. À travers un angle pédagogique centré davantage sur l’exemple que sur la théorie, la méthode permet en outre aux élèves d’identifier leurs erreurs, tout en suivant pas à pas le cheminement nécessaire pour comprendre la matière. |
Pour aller plus loin
- Galerie photo de l’exposition «OPUS 28» au Château d’Oron
- Plus d’informations sur Mathématiques BAC-CH
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