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Comment reconnaître les fake news?

par | 21 novembre 2022 | Actualités, Collectif, Lehrmittelverlag Zurich, Werner Hartmann

Virus numérique, les «fakes news», ou fausses nouvelles, sont devenues un véritable problème de société. Pourtant, il existe des solutions pour les contrer.
Le quatrième volume de Connected, une méthode consacrée à l’enseignement du numérique à l’école, vient de sortir. Il fait notamment la part belle à la désinformation sur le web. Éclairage sur ce phénomène.

Avec la multiplication du contenu en ligne, les fake news ont conquis le monde numérique. Elles sont partout et prennent diverses formes. Surtout, elles sont dangereuses, car elles peuvent être utilisées pour manipuler l’opinion des gens et récolter des informations à leur sujet. Heureusement, des solutions existent pour traquer les fake news les plus simples – et les plus courantes. Petit guide de survie en quatre questions.

Les informations trompeuses se propagent jusqu’à six fois plus vite que les vraies.

1. Fake news, de quoi parle-t-on?

Les fake news – ou infox – sont apparues bien avant l’invention d’internet. Qu’il s’agisse de désinformation intentionnelle, de nouvelles inexactes ou de tentatives d’hameçonnage, elles se propagent souvent plus rapidement que les informations véridiques. Par le passé et encore aujourd’hui, elles se diffusent oralement, notamment sous la forme de ragots. Plus tard, elles se sont aussi transmises à travers les livres et les journaux, ainsi que d’autres types de documents imprimés.

À l’ère du numérique, toute personne bénéficiant d’un accès à internet peut produire des messages qui sont diffusés, partagés et appréciés («likés») très vite et à large échelle grâce aux réseaux sociaux. Ce phénomène s’appelle la propagation virale: la nouvelle se transmet d’une personne à l’autre, comme un virus. Selon certaines études, les informations trompeuses se propagent jusqu’à six fois plus vite que les vraies.

2. Comment reconnaître les fakes news?

On peut soupçonner avoir affaire à une fake new face à un ou plusieurs des éléments suivants:

  • Le titre éveille la curiosité en suscitant des émotions fortes (peur, dégoût, colère, tristesse, indignation).
  • Utilisation de photos ou de vidéos spectaculaires ou dérangeantes.
  • Incitation à transmettre le message plus loin.
  • Incitation à cliquer sur un lien.
  • Auteur·e ou titulaire des droits non identifiable.
  • Pas de source probante, aucune preuve fiable.
  • Aucune date de publication.
  • Allégation selon laquelle les médias traditionnels, comme la télévision, la radio et les journaux, cachent délibérément l’information.
  • Fautes d’orthographe.
  • Majuscules et points d’exclamation dans le titre.
  • Stigmatisation ou dénonciation à l’encontre de minorités.
  • Cette information n’apparaît dans aucun média de référence.

Les fake news visent à influencer l’opinion des gens, à susciter des peurs ou un sentiment d’insécurité.

Les fake news étant très souvent accompagnées d’images, il est possible de les débusquer en vérifiant les illustrations. Les rédactions des médias professionnels (journaux, télévision, etc.) investissent beaucoup de temps et d’argent pour contrôler l’authenticité ainsi que la provenance des photos et des vidéos. Pour ce faire, elles utilisent différentes méthodes et procédures. Parmi elles, on peut:

  • Vérifier le contenu: la photo illustre-t-elle vraiment le contenu du messages?
  • Vérifier les éventuelles manipulations: y a-t-il des indices visibles qui indiquent que l’image a été manipulée? Voit-on par exemple des éléments flous, des proportions bizarres, des incohérences dans les ombres ou les reflets?
  • Vérifier la localisation: le paysage ou l’environnement présenté sur la photo correspond-il au lieu dans lequel l’événement s’est produit? Vérifier à l’aide d’un service de cartographie en ligne.
  • Vérifier la date: l’image a-t-elle pu être prise au moment des faits? La météo correspond-elle à la saison? La météo était-elle réellement celle qui apparaît sur la photo?
  • Vérifier le contexte: l’image correspond-elle réellement à l’événement relaté dans le message ou provient-elle d’un contexte différent? (Recherche d’image inversée)
  • Vérifier les métadonnées: les métadonnées des photos contiennent-elles des informations concernant la date, le lieu ou la prise de vue elle-même?
  • Effectuer une recherche de la photo sur Google Image pour vérifier son origine et ses réutilisations.
  • Vérifier qui sont les éditeurs des sites sur lesquels apparaît l’image concernée et quels sont leurs réseaux.
«Fake news» tiré de la méthode «Connected»

Un exemple de «fake news» tiré de la méthode «Connected». Parmi les indices, la photo ne représente pas la place Saint-Marc.

«Fake news» tiré de la méthode «Connected»

Un autre exemple de «fake news» tiré de la méthode «Connected». Ici aussi, la photo ne semble pas correspondre avec le contenu de l’article.

3. Qui se cache derrière les fake news?

Les fausses nouvelles sont le plus souvent propagées par des êtres humains. Parfois, des social bots (robots sociaux) sont impliqués. Le mot bot vient de l’anglais robot. On les dit «sociaux», car ils se font passer pour de vraies personnes, alors qu’il s’agit d’algorithmes qui imitent la communication humaine.

Un social bot espionne les profils, les publications et les commentaires des internautes, notamment sur les réseaux sociaux, en recherchant certains mots-clés. Lorsqu’il trouve des messages contenant les termes recherchés, le bot commence par les «liker». Puis, il les partage ou les commente à l’aide de blocs de texte rédigés à l’avance. Comme il s’agit d’un programme informatique, il peut effectuer son travail 24 heures sur 24 et diffuser de nombreux messages en peu de temps.

Des milieux d’extrême-droite, des agences gouvernementales et des sociétés privées spécialisées dans la manipulation de l’opinion publique à des fins politiques sont les principaux responsables de la création de fake news.

4. Quel est le but des fake news?

Les fake news sont souvent diffusées délibérément. Elles visent à influencer l’opinion des gens, à susciter des peurs ou un sentiment d’insécurité. De manière générale, la désinformation la plus largement diffusée concerne les classes sociales marginalisées, le changement climatique ou les risques liés à la vaccination.

Les personnes qui propagent des fake news agissent selon leur propre intérêt. Certaines sont payées pour travestir la vérité. D’autres attirent les internautes vers certains sites web avec des nouvelles sensationnelles. Cela leur permet de gagner de l’argent lorsque la victime clique sur un lien. Les informations fallacieuses sont parfois utilisées pour espionner les gens et collecter leurs données personnelles.

Dans d’autres cas, les fake news sont répandues le plus largement possible afin d’induire en erreur, notamment dans le cadre de votations. En effet, dans une société démocratique, de nombreuses décisions incombent aux citoyens. Avant de se prononcer, il s’agit de se forger sa propre opinion, et cette dernière peut être manipulée par la désinformation. Plus les fake news se propagent, plus il devient difficile de reconnaître les faits réels.

En conséquence, la frontière entre le vrai et le faux, entre la science et la croyance, se brouille. Et c’est précisément en cela que les fake news sont dangereuses, parce qu’elles déconnectent de la réalité et contribuent à créer un climat de peur, dangereux pour la démocratie, en déstabilisant et en décrédibilisant les institutions.

 

Méthode d’enseignement du numérique «Connected»

Destinée aux degrés de la 7e ou 8e année Harmos, «Connected» aborde l’éducation aux médias et la science de l’informatique en parallèle.

 

Connected: un outil pour enseigner le numérique à l’école

Le contenu de cet article est inspiré du quatrième volume de Connected, une méthode d’enseignement pour les MITIC (médias, images et technologies de l’information et de la communication) destinée à l’école obligatoire. Elle peut être introduite en 7e ou 8e année HarmoS. La méthode Connected aborde l’éducation aux médias et la science de l’informatique en parallèle. Le matériel didactique met l’accent sur les expériences quotidiennes, les médias et les interfaces numériques qu’utilisent élèves et enseignants.

Traduite de l’allemand, la méthode a été adaptée au public romand par le Centre MITIC interjurassien. Connected compte quatre volumes, chacun composé d’un livre de l’élève sous forme papier et d’un manuel numérique destiné au corps enseignant.

 

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