Les personnages de 120 secondes propulsés dans l’univers hollywoodien. Voilà comment on pourrait décrire Portraits de 120 secondes des photographes Anne Sophie et Benoît de Rous du Studio 48, à Vevey. Sur les 526 personnages que le couple a identifiés, 70 ont été retenus, dont les célèbres Reto Zenhäusern, Maxime Debernardi ou Sven Pahud, mais aussi des personnages moins attendus, comme Gérard Gavillet, un père Noël intermittent.

Un livre proposé aux Vincent «au culot»

Le livre propose une galerie de 70 mises en scène iconiques des personnages de «120 secondes», un retour sur 10 ans de collaboration des deux Vincent. «Ça brille, ça claque et ça donne envie de tourner les pages».

«L’idée était d’alterner des portraits pris dans notre studio, mais aussi des mises en scène en extérieur et des confrontations entre des personnages qui ne s’étaient jamais rencontrés», résument les deux photographes, qui partagent leur vie comme la passion pour la photographie. Le résultat de cette symbiose se lit comme un défilé de mode, une joyeuse galerie esthétique et léchée. Ça brille, ça claque et ça donne envie de tourner les pages.

Le résultat se lit comme un défilé de mode, une joyeuse galerie esthétique et léchée.

Pourtant, le projet était autre à l’origine: une série de personnalités romandes. C’est par l’entremise du musicien Pierrick Destraz – photographié pour la jaquette de son nouvel album «Maintenant on est là» – que le couple fait la connaissance de Vincent Kucholl et Vincent Veillon. «On les avait photographiés à Vevey en 2019, entre deux représentations de leur tournée du cirque Knie, se souvient Anne Sophie. On leur a proposé le projet d’un livre au culot! On s’attendait à ce qu’ils disent non, mais ils ont accepté tout de suite, très spontanément.»

Un travail méticuleux de photographie

Par la suite, au gré des aléas de la pandémie, les photographes ont davantage travaillé avec Kucholl, dont la gamme de personnages est très variée. Comme l’explique Benoît, «il a été très disponible avec son temps, c’était un plaisir de travailler avec lui et Veillon. Ils nous ont mis à disposition leurs costumes et leur équipe, notamment Maude Golay, leur directrice de production, inestimable pour la logistique.»

Le travail d’Anne Sophie et Benoît de Rous se distingue par sa méticulosité, notamment au niveau de la mise en scène. Pour ce projet, Benoît a préparé des storyboards de toutes les photos avant de les concrétiser derrière l’objectif.

Un aspect fondamental pour une démarche photographique méticuleuse, qui ne laisse rien, ou presque, au hasard. «La séance photo ne représente qu’une petite partie de notre travail, affirme Anne Sophie. La charge se concentre surtout en amont, pour régler les questions de repérage, de poses de marquages pour la lumière et de création du décor.» Si le couple a réalisé la plupart des clichés en studio, une bonne partie a été prise en extérieur, que ce soit dans les parcs de Vevey, au bistrot ou dans la ferme de Pierrick Destraz et Virginia Markus.

Des influences de la peinture au cinéma

À chaque fois, il s’agit de composer avec le temps et la lumière changeante, faire preuve de réactivité pour saisir le bon moment. Avant de passer au travail de post production. «Après une séance photo rocambolesque à l’aéroport de Sion du fait de la météo, il nous a fallu quarante heures de retouche pour la photo du Valaisan Stève Berclaz et de son groupe Black Lion Genocide», se souvient Benoît. Cette démarche esthétisante, les deux photographes l’assument et la revendiquent. «Il ne s’agit pas de photographie ‘brute’. Il y a une volonté d’aller dans ces couleurs brillantes, moins naturelles», explique Anne Sophie, dont la formation de maquilleuse influence aussi le travail photographique.

«Notre manière de traiter les images vient tant de la peinture que du cinéma.»

En regardant leurs portraits, on peut ainsi penser à l’univers de la mode et du théâtre. Mais pas seulement. Selon Benoît, qui a aussi exercé le métier de décorateur et de graphiste, «notre manière de traiter les images vient tant de la peinture que du cinéma.» «Les mécanismes sont les mêmes, ajoute Anne Sophie. Nos compositions sont très cinématographiques, voire commerciales, mais elles ont aussi une part classique. Le but est que ce soit pop, fun, en bref, que ça marche.»

Petite sœur des Éditions Loisirs et Pédagogie, la maison NK Éditions représente une branche éditoriale à part au sein de la maison d’édition. Dédiées aux livres d’art et de photographie, elles ont notamment publié de nombreux ouvrages sur l’œuvre du sculpteur André Raboud.

Pour aller plus loin

• L’émission 120 secondes sur la RTS
• Le site de NK Éditions
• Portraits de 120 secondes, de Anne Sophie et Benoît de Rous