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Les 10 plus belles erreurs de français vues dans la presse romande

par | 7 juin 2017 | Découvertes

Illustration de Plonk & Replonk
Le Petit lexique des belles erreurs de la langue française (et de Suisse romande) recense plus de 300 contresens, pléonasmes et autres atteintes aux règles de la langue française. Voici le em>ranking – pardon, le classement – des 10 erreurs les plus fréquemment lues dans la presse.

Les notices ci-dessous sont tirées du bulletin mensuel de l’Association suisse des journalistes francophones, publié depuis 1960. La date de parution initiale permet de situer chaque fiche dans son contexte d’origine.

10. «Un bel opportunisme»

«Becker a fait preuve d’un bel opportunisme en faisant le meilleur usage des deux seules occasions qui se sont présentées à lui.» Nos chroniqueurs sportifs ne savent toujours pas que ce terme a un sens péjoratif: l’opportunisme consiste à utiliser les circonstances en transigeant au besoin avec les principes, ou en subordonnant ses principes à un intérêt momentané.
 À ne pas confondre avec le sens de l’opportunité.

Bulletin de décembre 1995

9. «Exploser les records»

Les médias nous apprennent qu’un nouveau roman a explosé les records de vente. Jusqu’à présent le verbe exploser a toujours été intransitif. Une fuite de gaz fait exploser un immeuble; les ventes d’un livre ont explosé cet été.

Bulletin de septembre 2012

8. «Supporter des candidats»

Du correspondant de Montréal au Journal de Genève: «Les francophones ont élu des députés libéraux. Les anglophones ont surtout supporté des candidats conservateurs.» Du substantif anglais supporter («partisan», parfois francisé en supporteur) est dérivé le verbe supporter, totalement inutile puisqu’on a déjà soutenir, et prêtant souvent à confusion, vu les sens bien différents du verbe français.

Bulletin de juin 1979

Lavaux

© Illustration Plonk & Replonk

7. «En Lavaux»

«Edgar Schneider défend le Lavaux»: ce titre, imprimé par un quotidien lausannois, a fait tiquer nombre de Vaudois et autres Romands, qui savent que Lavaux signifie la vallée. Quelle vallée? Une bulle d’Innocent II, en 1138, parle de la vallée de Lutry (où coule la Lutrive). Le nom de la Vaulx de Lustrie désignait à l’époque le territoire formant actuellement le cercle de Cully. Plusieurs villages et paroisses, au cours des âges, y furent rattachés, et finalement, par extension, La Vaulx est devenu Lavaux. Ce qui exclut un article masculin.

Bulletin de septembre 1973

6. «Retards intempestifs»

Les trains ont subi récemment des «retards intempestifs», selon la presse romande. Contresens manifeste. Un retard, pour fâcheux qu’il soit, ne saurait être intempestif. Il est fortuit, imprévisible, inopiné. Intempestif a le sens de déplacé, inopportun, qui n’est pas fait à propos, qui se produit à contretemps: une démarche intempestive, un zèle intempestif.

Bulletin de février 2004

5. «Dans quelques années-lumière»

Évoquant un événement improbable et lointain, un rédacteur écrit qu’il ne pourrait se produire que «dans quelques années-lumière, peut-être».
 C’est une erreur assez fréquente de rencontrer cette expression employée comme unité de temps. L’année-lumière (ou année de lumière) est une unité de longueur équivalant à la distance parcourue en un an par la lumière dans le vide, soit environ dix mille milliards de kilomètres (9,461 × 1012 km). Au sens figuré, se dit d’opinions extrêmement éloignées: des points de vue à des années-lumière l’un de l’autre.

Bulletin d’octobre 2008

Année-lumière.

© Illustration Plonk & Replonk

4. «C’était sans compter sur»

«C’était sans compter sur la prompte réaction de l’adversaire» pouvait-on lire dans un compte rendu sportif. Une telle tournure n’a aucune signification. La forme correcte eût été: «C’était compter sans la prompte réaction de l’adversaire.» Mais peut-être était-ce trop simple.

Bulletin d’août 1999

3. «Initier quelque chose»

«La conférence sur la paix au Moyen-Orient, initiée par les États-Unis…»
 Initier signifie mettre quelqu’un au courant de choses d’accès difficile; être le premier à instruire quelqu’un: c’est lui qui m’a initié à cette technique.
 C’est sous l’influence de l’anglais qu’on utilise ce verbe au sens de «prendre l’initiative». Dans cette langue, en effet, to initiate signifie initier, mais aussi commencer, lancer, entreprendre.

Bulletin de novembre 1991

2. «Poste de travail»

Un confrère de Genève s’entretient avec un ancien conseiller fédéral: «Chaque diminution de la croissance entraîne de lourdes conséquences, notamment la perte de postes de travail…» Si un magistrat de langue allemande traduit ainsi Arbeitsplatz, il a des excuses; le journaliste romand qui rédige en a moins; en français, on appelle cela des emplois. «Place de travail», fréquemment utilisé aussi dans la presse romande, est encore plus près de l’allemand.

Bulletin de janvier 1981

Poste de travail

© Illustration Plonk & Replonk

1. «Soi-disant»

«À propos d’une soi-disant liturgie», titrait un quotidien valaisan.
 Soi-disant (invariable) ne peut concerner – le sens l’indique – qu’une personne: de soi-disant docteurs. Il fallait écrire: une prétendue liturgie.

Bulletin de février 1967

 

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