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Les chroniques de l’édition: graphiste

par | 13 mars 2018 | Anna Coles, Chroniques de l’édition, Interviews

Anna Coles est graphiste aux Éditions Loisirs et Pédagogie depuis près de 15 ans.
Curiosité visuelle, intérêt scientifique, facilité avec l’informatique: depuis près de 15 ans, la graphiste Anna Coles met en page les ouvrages des Éditions Loisirs et Pédagogie, avec rigueur et passion. Coup de projecteur sur un métier aussi varié que passionnant.

Trilingue, de père anglais et de mère japonaise, Anna possède des origines aussi diversifiées que son travail de graphiste. Son domaine d’expertise, ce sont les logiciels de design. Il n’y a qu’à la voir travailler sur InDesign et Illustrator, à manier les raccourcis clavier avec la dextérité d’une pianiste, pour se rendre compte des centaines d’heures qu’elle a passées à réviser, arranger et mettre en page nos ouvrages. Éclairage sur un métier hybride, entre art et informatique.

Un graphiste doit avoir l’œil conscient de tout.

Graphiste dans une maison d’édition: comment en arrive-t-on là?

Anna Coles: Dans mon cas, un peu par hasard! Mais je dois admettre que cette vocation a été favorisée par mes parents: mon père est un biologiste spécialisé dans les cellules gliales, et ma mère, au contraire, était une artiste japonaise. Ils m’ont donc transmis deux aspects complémentaires et très différents de ce métier: la rigueur mathématique et la sensibilité visuelle. Et vu que nous déménagions chaque année dans des pays aussi divers que le Japon, la Suisse ou les États-Unis, ma sœur et moi avons développé une curiosité des langues et des cultures qui m’a énormément servi pour ce travail.

 

Quelle est ta formation?

Photo d'un Macintosh II d'Apple.

Macintosh II d’Apple, commercialisé entre 1987 et 1993. CC BY-SA 3.0, Alexander Schaelss.

J’ai fait une maturité scientifique en Suisse, avant de voyager en Asie. Au bout d’un moment, ma mère en a eu assez de me voir cumuler les petits boulots pour financer mes voyages, elle m’a trouvé un travail dans une grande boîte de Tokyo, Scitex, qui travaillait avec Macintosh (Apple). On m’a montré la toute première version d’Illustrator, et je suis tombée amoureuse de ce programme. Je suis devenue «technicienne» pour les graphistes qui ne disposaient pas d’ordinateurs chez eux. Dans les années 1990, on était au tout début d’internet. Je me suis formée sur le tas, avec les programmes bêta qu’on nous donnait à essayer. En s’amusant, on apprend vite: je me souviens avoir passé des heures à essayer tous les filtres de Photoshop!

C’est un partenariat avec l’auteur, pour que le contenu et la mise en page s’accordent en un tout qui fasse sens.

De Tokyo aux Éditions LEP, il n’y a qu’un pas?

À nouveau, cela s’est fait par un joli hasard. Après mon retour en Suisse, j’ai recroisé Nathalie Kücholl Bürdel, une amie d’enfance. Elle était mariée à Philippe, le fondateur et directeur des éditions. J’ai commencé à faire des mandats pour eux, avant d’être engagée comme collaboratrice. La ligne éditoriale extrêmement variée me plaît beaucoup, car elle élargit mes champs d’intérêt. Vu que tout graphiste se doit de s’intéresser au contenu qu’il ou elle met en page, j’ai développé un intérêt pour l’économie et une réelle passion pour la géologie. Et d’un point de vue plus personnel, je suis convaincue que l’éducation des enfants est la chose la plus importante pour le futur: nos ouvrages vont dans ce sens et je suis heureuse de pouvoir y contribuer, même modestement.

«Mon but, au final, c’est que les ouvrages plaisent visuellement et donnent envie de lire quand on les feuillette.»

Comment abordes-tu un projet?

C’est difficile de répondre à cette question, car je cumule jusqu’à dix projets à la fois entre les nouveaux projets et les mises à jour [véridique, l’auteure de ces lignes en est témoin]! Cela dépend de l’ouvrage, mais la plupart du temps, je travaille avec un manuscrit fourni par l’auteur. Je le mets en page, avec les illustrations, les schémas, les légendes. À ce moment-là, on voit ce que ça donne et, souvent, on procède à une foule de modifications, comme la police, le format du livre, etc. Ce qui est génial, dans ce métier, c’est que je dois parfois créer moi-même les infographies qui aident à comprendre le texte. C’est aussi un partenariat et un échange avec l’auteur, pour que le contenu et la mise en page s’accordent en un tout qui fasse sens.

 

Quelles sont les qualités d’un bon graphiste?

La curiosité, dans tous les domaines et au sens large: visuelle, scientifique, informatique, et « pure», pour les sujets que l’on traite. Par exemple, pour la mise à jour de l’aide-mémoire de maths sur laquelle je travaille actuellement, les schémas des courbes de fonctions, des médiatrices et autres, ne sont pas dessinés, mais générés sur Illustrator comme avec une règle ou un compas. Pour ce titre, il faut donc une affinité pour les maths. Et, bien sûr, un graphiste doit avoir l’œil conscient de tout, au travail et en dehors, en étant attentif aux visuels présentés dans les magasins ou dans la rue. Nous sommes autant appelés à maîtriser des outils techniques qu’à développer notre sensibilité artistique, deux perspectives qui ne vont pas toujours ensemble.

Mon but, c’est que les ouvrages donnent envie de lire quand on les feuillette.

Et dans le domaine de l’édition, y a-t-il des particularités?

Oui, car on ne développe pas la même sensibilité visuelle dans tous les domaines professionnels. Aux éditions, je tente toujours de me mettre à la place des élèves et des lecteurs, pour rendre le contenu attrayant et accessible. De plus, pour chaque titre, je m’imagine ce qu’il va donner en librairie. Mon but, au final, c’est que la couverture, le titre et le contenu plaisent visuellement, afin que les ouvrages donnent envie de lire quand on les feuillette.

 

Après avoir travaillé sur d’innombrables livres, quel est celui que tu retiendrais entre tous?

Couverture de «L'Atlas des vertébrés» d'Arthur Escher et de Robin Marchant.

«L’Atlas des vertébrés», d’Arthur Escher, Éditions Loisirs et Pédagogie, 2016, 30 pages.

Je ne suis pas objective, car j’ai travaillé dessus mais, sans hésiter, l’Atlas des vertébrés d’Arthur Escher et Robin Marchant. Le sujet de l’évolution des espèces m’a passionnée. Quand je mettais le livre en page, je devais me retenir d’aller chercher des informations complémentaires sur tel ou tel animal. En règle générale, nos ouvrages me donnent envie d’aller plus loin, d’en savoir plus: si cela marche déjà sur la graphiste, c’est un excellent début (rires)!

 

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