Dans le milieu de l’édition, les couvertures des livres sont rarement choisies au hasard. Les graphistes ont l’œil entraîné à déterminer quelle couleur sera la plus pertinente pour tel sujet. En effet, au-delà de l’aspect esthétique, leur signification est loin d’être anodine. Tirée du Cahier d’un peintre d’icônes de l’artiste valaisanne Line Évéquoz – aujourd’hui épuisé –, voici leur symbolique dans l’histoire de l’art – particulièrement l’art religieux russe.
La signification des couleurs est loin d’être anodine.
Le bleu
Souvent utilisé pour le manteau de Dieu, la robe de la Vierge Marie et certains habits des Apôtres, cette couleur représente la pureté et l’humanité. Avant l’invention de peintures industrielles, il s’agissait d’un pigment très cher à produire, car il provenait du lapis-lazuli, une pierre aussi rare que précieuse.
Le rouge
Étroitement lié au sang qui représente la vie, il peut symboliser la jeunesse, la richesse, le triomphe, la santé ou l’amour. Le rouge est parfois utilisé pour la tunique de Jésus ou le manteau de l’archange Michel. Les vêtements de certains martyrs sont également rouges, symbole du sacrifice de leur vie. Mais le rouge peut aussi représenter le mal, la guerre ou le feu.
Le pourpre (ou rouge foncé)
Cette couleur exprime la puissance ou la richesse. Dans la peinture d’icônes, on peint très souvent en pourpre les manteaux des personnages importants tels que ceux de Dieu, de la Vierge Marie ou des rois.
Le vert
Il s’agit de la couleur des végétaux et de la nature. Il symbolise aussi la croissance.
Le jaune (ou l’or)
Cette couleur représente la lumière. Dans l’art des icônes, elle symbolise l’éternité et rend l’image lumineuse. C’est pour cette raison qu’elle est souvent utilisée en arrière-plan, ou pour représenter l’auréole – ou nimbe – des personnages saints. À l’époque, on utilisait de véritables feuilles d’or, très fines, onéreuses et délicates à appliquer sur le support.
Le noir
Cette couleur connote traditionnellement une thématique sombre. Elle représente l’obscurité et, dans l’art religieux, le mal ou l’enfer. Dans l’art religieux russe, elle est très rare, car il s’agit d’images de lumière, par conséquent dépourvues d’ombre.
Le brun
Parfois utilisé pour représenter le sol, il symbolise l’humilité. Dans la peinture d’icônes traditionnelles, on utilisait surtout des couleurs provenant de terres colorées se trouvant au voisinage de l’atelier de peinture. La peau des personnages est peinte avec un mélange de bruns fait par exemple à partir d’ocre jaune et de terre d’ombre brûlée. Dans l’art iconographique, peindre la peau était l’une des étapes les plus difficiles dans la réalisation d’une icône, toujours réalisée par le maître d’atelier. Ce n’était qu’après des années de pratique que les apprentis pouvaient prétendre à ce savoir-faire.
Les peintres ont longtemps utilisé des pigments naturels.
Le saviez-vous?
Avant l’époque de la peinture industrielle, les peintres ont longtemps utilisé des pigments naturels. Par exemple, dans le cas de la couleur brune, on ramassait des morceaux de terre, qu’on mélangeait avec de l’eau. Puis, la mixture était broyée à l’aide d’une spatule ou d’un mortier, jusqu’à l’obtention d’une pâte. Enfin, on mettait le tout dans un flacon, avant d’ajouter un liant – comme du jaune d’œuf mêlé à du vinaigre. Une fois les trois ingrédients mélangés – pigment, eau et liant –, il ne restait plus qu’à bien secouer le tout pour obtenir une belle couleur ocre. Le tour était joué, et le tableau pouvait commencer à prendre forme.