… l’un des plus célèbres artistes suisses du XXe siècle: Louis Soutter.
Né à Morges en 1871 et décédé à Ballaigues en 1942, ce surdoué suit des études d’architecture, de musique et de peinture à Paris, à Bruxelles et à Lausanne, avant de suivre une jeune Américaine aux États-Unis et d’enseigner la peinture au département des beaux-arts du Colorado College. Il épouse sa belle, s’en sépare, revient en Suisse et sombre de plus en plus dans ce que beaucoup décriront comme un état de «folie». Protéiforme, violoniste, poète, artiste, Louis Soutter gagne à être connu, et ce pour cinq bonnes raisons:
1. Parce que c’est un artiste prodigieux de la région
Encore aujourd’hui, l’œuvre du Vaudois Louis Soutter reste peu connue du grand public. Et pour cause, elle se distingue par une sauvagerie et un esthétisme uniques, souvent qualifiés de «chef-d’œuvre» et de «génie»: bref, un joli contre-exemple de la prétendue mollesse artistique de notre pays!
2. Parce qu’il a fini sa vie dans l’anonymat
À l’âge de 52 ans, le violoniste est considéré comme «fou» par sa famille, qui l’interne à l’asile pour vieillards de Ballaigues, près de Vallorbe, où Soutter réalise la quasi-totalité de sa production. Désespéré, plongé dans le silence et la solitude, il transcende la condition de son enfermement en dessins de plus en plus sauvages, dont ses fameuses peintures au doigt. Mal à son aise au milieu des déments, l’artiste fugue à plusieurs reprises, effectue de longues marches dans la campagne vaudoise pour aller rendre visite à des amis et à des proches. Il décède en 1942, à l’âge de 71 ans.
3. Parce qu’il a enluminé un livre en entier
Dans l’asile, Louis Soutter utilise le papier qu’il a sous la main. Il emprunte des livres à ses amis: c’est ainsi qu’il illustre, de manière complètement transgressive, le Voyage au pays des sculpteurs romans d’Alexis Forel, dont le fac-similé de l’édition originale a été publié en 1993 par les Éditions Loisirs et Pédagogie (préfacé par Michel Thévoz, conservateur du Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne de 1960 à 1975, puis directeur de la Collection de l’Art Brut jusqu’en 2001).
4. Parce qu’il est le cousin de Le Corbusier
C’est par sa mère Marie-Cécile Piquet que Louis Soutter est parent de Le Corbusier, de son vrai nom Charles-Édouard Jeanneret Gris. Dès 1923, le célèbre architecte rend visite à son cousin à l’asile pour vieillards et y découvre sa production graphique. Dès lors, le Corbusier n’aura de cesse de la faire connaître au-delà des murs de l’établissement.
5. Parce qu’il est inclassable
Parfois «rangée» dans l’art brut, parfois dans l’art moderne, l’œuvre de Louis Soutter est inclassable et se distingue par une grande originalité vis-à-vis des canons esthétiques et techniques de son époque. Méconnue de son vivant, reconnue à titre posthume, elle reste un incroyable exemple de création helvétique.
Exposition «Louis Soutter, le tremblement de la modernité»
La maison rouge, Paris
du 21 juin au 23 septembre 2012
Pour aller plus loin
- Plus d’informations sur le fac-similé de Voyage au pays des sculpteurs romans, paru aux Éditions Loisirs et Pédagogie
- Plus d’informations sur Louis Soutter
- Plus d’informations sur Alexis Forel
- Plus d’informations sur Michel Thévoz