L’an dernier, on a beaucoup parlé de harcèlement, dans la rue ou au travail. Les femmes se sont soulevées sur les réseaux sociaux et de nombreuses personnalités ont été accusées en Suisse et à l’étranger. En 2011, les Éditions Loisirs et Pédagogie publiaient N’insiste pas! Où commence la violence sexuelle?. Désormais épuisée, cette brochure avait pour but d’amener les jeunes à prendre conscience du respect qui devrait sous-tendre leurs échanges présents et futurs. Voici quelques pistes à explorer.
Amener les jeunes à prendre conscience du respect qui devrait sous-tendre leurs échanges présents et futurs.
Les préjugés entre hommes et femmes
Inciter les élèves à réfléchir aux préjugés entre hommes et femmes, de même qu’entre les différentes cultures, permet d’ouvrir le débat. Les hommes sont-ils typiquement forts et ne montrent pas leurs sentiments? Les hommes «du Sud» sont-ils plus sexistes que les autres? Les femmes des pays arabes ont–elles moins de formation professionnelle? Les femmes sont-elles plus ordonnées, plus sages? En mettant en relief ces lieux communs, s’ouvre la question secondaire et la plus pertinente: «d’où nous viennent ces clichés devenus des certitudes?». Si on réfléchit à l’origine de ces idées préconçues, il devient possible de poser les bases pour un nouveau cadre de référence.
Insister sur la différence entre harcèlement et drague
«Mais maintenant, on ne peut même plus parler à une femme sans qu’elle ne se vexe! On ne peut plus rien dire!» Cette phrase a été prononcée par de nombreux auteurs d’actes de harcèlement. Néanmoins, cette affirmation néglige une nuance cruciale: l’horizontalité de la relation. Le flirt est un rapprochement mutuel, constructif, souhaité par les deux parties, qui renforce l’estime de soi.
La différence entre le harcèlement et le flirt, c’est la réciprocité.
Le harcèlement, à l’inverse, est une forme de violence imposée par une personne à une autre, souvent dans une optique de domination: il s’agit d’un rapprochement unilatéral, rabaissant, non souhaité, qui dépasse le respect des limites personnelles d’autrui. La différence entre les deux, c’est la réciprocité. On peut rire de tout. On peut tout dire. Toutefois, comme dans n’importe quelle relation, l’interlocuteur a le droit de signifier son refus ou son malaise, et ces derniers doivent être respectés.
Sensibiliser sur les manières de réagir
Rappeler que les membres d’une société sont tous des acteurs de cette dernière est une autre piste pour encourager les élèves à ne pas rester passifs, quel que soit leur sexe. Ainsi, il peut être bon de discuter avec les élèves des mesures qu’une personne victime de harcèlement peut prendre. D’abord, ne pas accepter ce type de comportement, en réagissant vite et avec fermeté. En second lieu, mettre des limites à l’auteur du harcèlement, en mettant des mots sur son comportement: «cela me dérange que vous fassiez cela». Enfin, ne pas se laisser entraîner dans une discussion avec la personne et demander de l’aide sans tarder, à la maison, à l’école ou aux associations concernées. Un des aspects les plus pervers du harcèlement sexuel est qu’il accroît le sentiment de culpabilité de la victime et la réduit souvent au silence. Ce dernier a été brisé à grands cris en 2017 et il convient de nous assurer qu’un dialogue pourra maintenant prendre sa place.
«Le harcèlement n’est pas uniquement le problème de la victime, mais un problème social»
Un mot de conclusion? Comme l’ont souligné les auteurs de l’ouvrage, «le harcèlement n’est pas uniquement le problème de la victime, mais un problème social». Il revient donc à nous toutes et tous de tenter d’y répondre de la meilleure manière possible, et l’école semble être un excellent lieu de départ.
Pour aller plus loin
- Fondation SANTÉ SEXUELLE Suisse (anc. Fondation suisse pour la santé sexuelle et reproductive – PLANeS).
- Définition de la santé sexuelle selon l’OMS.
Aide et infos
- Que faire si vous êtes victime de harcèlement sexuel? Des infos sur Swissinfo.ch.
- www.non-c-non.ch: site d’information sur le harcèlement au travail.
- Les centres de consultation de SANTÉ SEXUELLE Suisse.