Plus de vingt ans à chanter et à faire aimer le chant, voilà comment résumer la carrière de Roland Demiéville. Même la retraite n’a pas empêché cet ancien enseignant à l’école secondaire de Corsier-sur-Vevey de publier Le festival des chansons, avec le soutien de la Haute école pédagogique du canton de Vaud. «Le but était d’élaborer de nouveaux moyens pour l’enseignement de la musique pour les 7e et 8e Harmos. Nous avons sorti Le jardin des chansons d’abord, celui-ci est venu ensuite.» Le livre propose 92 chansons de Suisse et d’ailleurs, dont la quasi-totalité sont des reprises (hormis «Schläft ein Lied», une chanson originale de l’auteur), ainsi que des propositions pédagogiques destinées aux enseignants.
«Le but était d’élaborer de nouveaux moyens pour l’enseignement de la musique pour les 7e et 8e Harmos.»
Ouverture à l’autre
Dans la sélection, on trouve diverses catégories, notamment quinze chansons du jour, «à chanter n’importe où, n’importe quand», comme dit l’auteur. Dans son ensemble, l’ouvrage fait la part belle aux chansons du monde entier, dans des langues aussi diverses que le français, l’allemand, l’italien, le romanche, l’anglais et l’espagnol, mais aussi le swahili, le finnois ou encore le grec. Les traductions sont par ailleurs proposées à la fin du livre. La raison de cette mixité? «Pour que les enfants chantent nos idiomes nationaux d’une manière différente, mais pas seulement, répond l’ancien formateur à la HEP. Les chansons d’ailleurs les aident aussi à mieux appréhender le monde et notre société.»
L’ouverture sur le monde se décline avec «Banana Boat Song», une chanson jamaïcaine que les dockers entonnaient en chargeant les bananes, «Epo é tai», un chant polynésien à danser, ou encore «Tom du Mali».
Cette ouverture sur l’autre se décline lorsqu’on feuillette le livre, par exemple avec «Banana Boat Song», une chanson jamaïcaine que les dockers entonnaient en chargeant les bananes, «Epo é tai», un chant polynésien à danser, ou encore «Tom du Mali», qui traite du thème de l’intégration des réfugiés en Europe. Cependant, l’ouvrage met également à l’honneur le patrimoine musical suisse, comme «Donna, donna ve a chà», une chanson des Grisons, où il est question d’une femme qui préfère danser plutôt que de «rentrer à la maison».
La chanson «Donna, donna ve a chà», chantée lors du vernissage le 2 mars 2017 à la HEP:
La prononciation de «Donna, donna ve a chà» par une vraie romanche:
Utile, la musique?
Toutefois, on peut se demander quelle est la place de l’enseignement «récréatif» de la musique dans les écoles romandes, particulièrement à l’aune des branches réputées «utiles» ou «scientifiques». «Bien sûr que la musique a sa place à l’école: elle l’a toujours eue. Quand j’ai commencé ma carrière, au début des années 1980, nous manifestions déjà pour qu’on ne nous ôte pas des heures, se rappelle Roland Demiéville d’un air amusé. Aujourd’hui, nous en avons même plus et l’importance de la musique est reconnue par les hautes écoles pédagogiques.»
Chanter régulièrement amène les élèves à développer une meilleure expression orale et corporelle.
Le débat sur son utilité ne date donc pas d’hier, mais concrètement, qu’est-ce que la musique apporte aux élèves? Une étude menée en Suisse de 1988 à 1991, a démontré que chanter régulièrement amenait les élèves à développer une meilleure expression orale et corporelle. «De plus, en étant tributaire des autres, on développe un sens d’altruisme et de solidarité. On ne peut pas chanter n’importe comment, car cela se reflètera sur l’ensemble du groupe» précise l’enseignant.
Bonne pour la cohésion de groupe, le corps et l’esprit, la musique, c’est noté! Et puisqu’il faut laisser les chansons parler d’elles-mêmes: «J’ai pris mes chansons/ Emballé mes rêves/ Pour nos évasions/ Vers d’étranges grèves/ […] Où j’inventerai/ La chanson voyage» («Chanson voyage»; paroles et musique: Bernard Contesse).
Pour aller plus loin:
- Plus d’informations sur Le festival des chansons
- Plus d’informations sur La foire aux chansons
- Plus d’informations sur Le jardin des chansons
- Plus d’informations sur Roland Demiéville