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J’ai testé la méthode Grandir en paix

par | 19 février 2019 | Auteurs, Graines de Paix, Interviews

La grande force de <i>Grandir en paix</i> est qu’il s’agit d’une méthode transversale. On y retrouve la coopération et le travail en groupe, le respect ou encore la gestion des émotions.
Enseignante primaire, Raphaëlle Jouhaud utilise Grandir en paix depuis quatre ans. Elle nous parle de l’utilisation de cette méthode de citoyenneté et de ses bienfaits pour sa classe.
Portrait de Raphaëlle Jouhaud, enseignante au primaire

Raphaëlle Jouhaud a testé durant quatre ans la méthode de citoyenneté «Grandir en paix» avec des classes de 3e et 4e année Harmos à Vevey.

Raphaëlle Jouhaud vit littéralement entourée d’enfants. Mère d’une fratrie de quatre, elle enseigne à des enfants de 6-7 ans à l’école de Vevey. Son amour de l’enseignement, elle l’a enrichi en devenant praticienne formatrice – «prafo» en jargon pédagogique – pour les enseignants débutants, cheffe de file et référente pédagogique pour les niveaux de 3e et 4e primaire. Désireuse d’éveiller les élèves à une culture favorisant le vivre-ensemble, elle a décidé il y a quatre ans de tester la méthode de citoyenneté Grandir en paix, alors en phase d’essai dans les classes romandes. Elle revient sur l’adoption de cet outil inédit.

 

Pourquoi avoir accepté de tester la méthode Grandir en paix?

Raphaëlle Jouhaud: Parce qu’elle amenait des réponses concrètes à des questionnements que j’avais par rapport à mon enseignement. Il y a quelques années, j’entamais ma première année à l’établissement primaire de Vevey et l’Unité de promotion de la santé et prévention en milieu scolaire (PSPS) a proposé aux enseignants intéressés de tester Grandir en paix, une toute nouvelle méthode de citoyenneté. Cela m’a parlé tout de suite. En classe, j’étais convaincue de la nécessité de développer les compétences psychosociales des enfants, mais je manquais d’outils concrets pour y parvenir. Et puis, l’idée de construire une conscience de paix avec les élèves m’est apparue comme un très beau fil conducteur.

Il s’agit d’un outil clé en main, mais son utilisation reste très libre et constitue un excellent bagage pédagogique.

Pensez-vous qu’il y a un problème particulier de violence dans les écoles romandes?

Si je me fie uniquement à Vevey et au quartier des Crosets, je dirais que non. Je vis en Suisse depuis dix ans et estime qu’il n’y a pas de problème particulier au niveau de l’école. À titre de comparaison, j’ai débuté ma carrière d’enseignante dans un quartier de Paris, où l’entier du corps enseignant devait être mobilisé pendant la récréation, de peur que les choses ne dégénèrent! Ici, même si nous avons certains cas difficiles, comme dans tous les établissements, je pense qu’il est encore possible d’avoir une relation de confiance avec les élèves. Je suis donc plutôt optimiste quant au futur de l’école romande. À mon sens, le défi réside dans le fait de se renouveler quant à sa pratique d’enseignement, et d’adopter une posture de cocréation d’idées avec sa classe.

Petit à petit, les élèves prennent non seulement conscience d’eux-mêmes, mais aussi des autres.

Concrètement, qu’appréciez-vous dans cette méthode?

La grande force de Grandir en paix est qu’il s’agit véritablement d’une méthode transversale, car elle permet de développer des compétences qui sont utiles à la fois dans les autres matières et à la maison. On y retrouve la coopération et le travail en groupe, le respect ou encore la gestion des émotions. Même si les activités sont structurées dans une séquence bien définie, elles peuvent être abordées dans n’importe quel ordre, au gré des thèmes que l’on souhaite aborder. Il s’agit donc d’un outil clé en main, mais son utilisation reste très libre et constitue un excellent bagage pédagogique. Un exercice amène souvent des idées que les élèves souhaitent approfondir. En outre, il est très facile pour l’enseignant de se réapproprier la méthode et de l’ajuster aux impératifs de la grille horaire. En tout, j’estime dédier en moyenne une période hebdomadaire à l’enseignement de la citoyenneté, cumulée sur les heures de français ou d’éthique et de culture religieuse.

Les enfants travaillent mieux, veulent progresser, en somme, grandir à tous les niveaux.

Qu’ont pensé vos élèves de cette méthode qui propose de semer des graines de paix?

Ils adorent et l’ont adoptée! Pour être plus précise, nous l’avons adoptée ensemble. Je me souviens que, lorsque nous avons abordé l’activité «Faire un compliment à son voisin», tous les enfants, garçon comme fille, ont joué le jeu. Il y a eu de tout, des commentaires vestimentaires tels que «j’aime bien ta robe», «ta chemise est jolie», à des remarques plus profondes comme «tu travailles bien», «tu es courageux», «tu cours vite», etc. Le but est de les amener à prendre conscience de la valeur de faire plaisir aux autres et de ne pas faire ce que l’on n’aimerait pas que l’on nous fasse. Par ailleurs, cette expérience positive se prolonge à la maison. Des enfants me rapportent qu’ils ont eu telle expérience avec leurs frères et sœurs, qu’ils ont réagi de telle ou telle façon. Il y a donc des allers et retours fructueux entre l’école et la maison.

 

Observez-vous un effet durable dans votre classe?

Au fil des activités, les valeurs s’implantent et l’ambiance de classe en ressort améliorée. Petit à petit, ils prennent non seulement conscience d’eux-mêmes, mais aussi des autres. Ils comprennent ce qu’est un conflit, quelles sont les émotions négatives, comme la jalousie, et comment en traiter les causes. En conséquence, leur estime d’eux-mêmes en est renouvelée. Ils travaillent mieux, veulent progresser, en somme, grandir à tous les niveaux. La méthode Grandir en paix s’inscrit dans une véritable démarche de vie. L’école offre ainsi aux élèves des pistes d’éveil à la culture de paix, mais ce sont eux qui la pratiquent ensuite au quotidien.

 

La collection Grandir en paix

Quatre volumes, chacun composé d’un livret destiné à l’élève et d’un guide pour l’enseignant, avec 40 activités prêtes à être appliquées en classe.

La collection Grandir en paix en bref

Déclinée en quatre volumes, la collection Grandir en paix propose des activités autour de l’estime de soi, la bienveillance, l’empathie, la solidarité ou encore la gestion des conflits. Ces fameuses «compétences transversales» sont au cœur du Plan d’études romand (PER) qui définit les contenus d’apprentissage au cours de la scolarité obligatoire pour la Suisse romande.

La collection offre un outil de citoyenneté complet pour tous les âges du primaire. Elle est constituée de quatre volumes, chacun composé d’un livret destiné à l’élève et d’un guide pour l’enseignant, avec 40 activités prêtes à être appliquées en classe. Le volume 1 est destiné aux élèves de 4 à 6 ans, le volume 2 aux élèves de 6 à 8 ans, le volume 3 aux élèves de 8 à 10 ans et le volume 4 aux élèves de 10 à 12 ans.

Toutes les activités proposées ont été testées en classe et remaniées en fonction des retours des enseignants. Elles couvrent une grande variété de domaines. Par exemple, «Mime tes droits» (volume 2) consiste à mener un jeu autour de la Convention internationale des Droits de l’Enfant. «Cyberharcèlement, j’agis!» (volume 3) permet aux enfants de mettre en place un jeu de rôle afin de reconnaître des situations de harcèlement en ligne. Toutes les activités sont conçues pour pouvoir être utilisées clé en main. Pour les établissements scolaires qui le demandent, l’ONG Graines de Paix propose aussi des formations, des ateliers et d’autres prestations.

Pour aller plus loin

 

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