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En musique, Bérengère Penel nous invite à prendre l’air

par | 22 septembre 2020 | Auteurs, Bérengère Penel, Interviews

La compositrice Bérengère Penel a allié ses talents avec l’illustratrice Dora Formica pour donner corps à un livre-CD qui invite enfants et adultes à prendre l’air par la voie du chant.
Compositrice, enseignante et directrice de chœur, Bérengère Penel publie son deuxième album de musique jeunesse aux Éditions Loisirs et Pédagogie: Bérengère prend l’air et s’envole. En 24 chansons jazzy, ce livre-CD propose aux enfants autant d’évasions d’un quotidien parfois frénétique. Entretien.

On compare souvent un achèvement créatif au fait de donner la vie. Ce parallèle est tout à fait à propos pour décrire le travail de Bérengère Penel, qui vient de publier Bérengère prend l’air et s’envole – son «dernier-né», car ce projet a trouvé son origine dans sa maternité. À la naissance de sa fille en 2014, cette musicienne trentenaire qui chantonne et écrit des chansons depuis déjà plusieurs années, se sent poussée par le désir de les publier. Le résultat, ce sont 24 chansons aux tonalités de jazz, qui invitent enfants et adultes non seulement à chanter, mais aussi à ouvrir une parenthèse de douceur et de rêverie. Afin de parfaire cette évasion, le livre comporte un CD doté d’une version chantée et d’une version instrumentale, les paroles et partitions détaillées, ainsi que les illustrations poétiques de Dora Formica. Entretien avec une compositrice protéiforme.

Avec cet album, je souhaite donner aux enfants des outils pour faire face à la vie.

Pourquoi ce livre de chansons?

Bérengère Penel: Il s’agit d’un prolongement tout naturel de mon parcours. En effet, je compose depuis toute petite, car l’écriture a toujours représenté un moyen privilégié d’expression. Durant ma formation à la Haute école de musique de Genève (HEM), j’affectionnais tout particulièrement les cours de composition puis, plus tard, en tant qu’enseignante de solfège et de rythmique, je trouvais souvent plus facile de faire des chansons sur mesure que d’aller piocher dans le matériel existant. Toutefois, c’est véritablement lorsque ma fille est née qu’un déclic s’est opéré. Même quand elle était dans mon ventre, je chantais des airs à ma fille pour lui raconter ce qui se passait. Après sa naissance, cet élan de création a continué, et je n’ai plus pu m’arrêter.

 

Pour vous, la créativité a donc littéralement rimé avec maternité…

Exactement. Quand je suis devenue maman, une énergie nouvelle s’est installée à la maison, comme une force, un instinct de lionne. Un désir de me relier à l’essentiel. Il s’agissait aussi d’une impulsion paradoxale. Comme la maternité, la créativité épuise autant qu’elle nourrit. Elle est à la fois source de vie et de mort, de grande ressource et d’extrême fatigue. Devenir maman, c’est être inspirée, tout le temps, avec les aspects négatifs et, surtout, positifs, que cela comporte. En entretenant cette relation avec ma fille, en voyant la qualité de notre lien, j’ai éprouvé le besoin de donner cette belle énergie plus loin. Le résultat de cette impulsion, ce sont les nombreuses chansons que j’ose montrer au grand jour et celles que j’écris encore. Une bonne partie dort d’ailleurs encore dans mes tiroirs, car cette inspiration est infinie.

Comme la maternité, la créativité épuise autant qu’elle nourrit.

Comment avez-vous sauté le pas de faire sortir vos compositions de vos tiroirs?

Pas à pas. Avant la naissance de ma fille, je n’avais jamais osé montrer mes chansons à quiconque. Au départ, je les ai données à écouter à des amies, qui m’ont donné la confiance nécessaire pour passer à la prochaine étape. À mon sens, la musique permet de s’évader et les illustrations favorisent cette échappée. À l’époque, Dora travaillait dans le même collège que moi. L’entente artistique et amicale a été immédiate. Elle écoute toujours mes chansons en version piano-voix avant de les illustrer, afin d’en ressentir le ton, le rythme. En 2015, une rencontre décisive avec les musiciens d’un quatuor de jazz est venue compléter cette collaboration pour les enregistrements et les concerts successifs que nous avons donnés. La créativité des musiciens qui m’entourent amène une couleur toute particulière à mes chansons. Tout ce travail d’équipe a donné naissance à un premier livre-CD, Bérengère prend l’air, sorti en autoédition en 2017.

 

Vous êtes compositrice, enseignante de musique et directrice de chœur. Comment conciliez-vous ces différentes activités?

Incontestablement, ces facettes se nourrissent. Il ne s’agit pas d’un découpage entre trois personnalités distinctes, mais d’un prolongement. Depuis que je suis enfant, le fait de fréquenter ou de diriger un chœur favorise les rencontres. Au contact d’autrui, on pratique l’écoute, on apprend à poser sa voix, à faire des arrangements. Quant à l’enseignement, quel que soit le niveau pour lequel j’ai enseigné, j’ai eu toujours à cœur que mes élèves se sentent bien et qu’ils retirent quelque chose du cours, au primaire comme au Conservatoire d’Yverdon. Il y a toujours une notion de didactique et de plaisir. Et ces activités m’apparaissent aussi comme un triple moteur de cette créativité qui fatigue autant qu’elle vitalise.

 

D’où tirez-vous votre inspiration?

Des petites choses du quotidien. Comme beaucoup de gens, j’éprouve souvent le besoin de fuir la réalité. Ainsi, en guise de réflexe de survie, j’ai souvent un petit théâtre dans ma tête. Par exemple, la chanson «Métro» m’est venue dans les transports publics lausannois. En voyant les enfants accompagnés de leurs parents ou de leurs nounous, tout coincés entre les pendulaires, j’ai pensé aux rêveries qu’ils devaient se faire: «Moi je suis un chercheur d’or, on avance sous la terre./ Allons-nous vers un trésor, une mine d’or, de belles pierres?». Dans le cas d’«Une montgolfière», c’est le souvenir d’une balade à vélo dans un champ de tournesols autour de Vuarrens, durant laquelle ma fille et moi avions aperçu un ballon dans le ciel, qui m’a inspirée les paroles «Me promenant, à vélo,/ Poussent, je le sens, des ailes dans mon dos.» J’ai commencé à la chantonner sur mon vélo, avec mon bébé sur le siège avant, avant de la terminer une fois rentrées à la maison.

La chanson «Montgolfière» sur l’album «Bérengère prend l’air et s’envole». © Illustration Dora Formica

En 2020, quel sens donner à un album jeunesse?

Il est vrai que le fait de publier un livre-CD est aujourd’hui un peu anachronique, mais j’assume ce côté rétro. Un livre, ça a une odeur, des pages à tourner, une matière à toucher. Et puis, le chant fait partie du langage. Il rend attentif à la prosodie, soit la manière dont les mots sonnent, et rend ainsi le langage plus fluide. Surtout, il réunit et permet de mieux communiquer avec autrui, de consolider les liens avec son imaginaire, avec soi-même et avec les autres. Personnellement, la musique me sauve, elle me fait me sentir vivante. Avec cet album, c’est ce que je souhaite donner aux enfants – des points de départ à se réapproprier librement, des outils pour faire face à la vie.

 

Une évasion en 24 chansons

Ça chante l’automne qui frappe à la porte, un cosmonaute amoureux d’une étoile, une chanson qui tourne en rond comme un carac. Ça chante les curieuses facettes de la nature, une ribambelle de personnages tendres et loufoques.

Douces et jazzy, les chansons concoctées par Bérengère Penel proposent aux enfants un éveil à la musique et une source d’émerveillement face à la vie. Sur demande, Bérengère propose des concerts avec ses musiciens, anime des ateliers pour les enfants et met à disposition des pistes d’exploration aux enseignantes et enseignants désireux d’utiliser le recueil dans leur classe. N’hésitez pas à nous contacter.

Livre-CD «Bérengère prend l’air et s’envole» de Bérengère Penel et Dora Formica

Doté d’un CD comportant une version chantée et une version instrumentale, l’album musique «Bérengère prend l’air et s’envole» est destiné aux enseignants et enseignants ainsi qu’aux familles.

La musique, un air connu de LEP!

Depuis sa création, notre maison d’édition fait la part belle à la musique au sein de son catalogue. Adepte de clarinette et passionné de musique classique, son fondateur, Philippe Bürdel, a aménagé une place de choix pour cette branche artistique, comme moyen privilégié pour grandir et trouver sa place dans le monde. Avec ce nouvel album, Bérengère Penel s’inscrit dans la lignée de Fabienne Gay-Balmaz et de ses Chantilèges, des recueils de chansons de Roland Demiéville et de l’inoubliable série Sautecroche de Marie Henchoz, qui a marqué et marque encore aujourd’hui des générations d’enfants.

 

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