«Compétence», «e-learning», «réflexivité»: autant de concepts typiques du domaine de l’enseignement, tant du côté de la recherche que de la formation. Fruit d’une collaboration entre les différentes Hautes écoles pédagogiques, Concepts-clés de la formation des enseignantes et enseignants en Suisse romande propose un glossaire de ces différents termes. Son but? Faire état des savoirs entre les divers partenaires de la branche, qu’ils soient chercheurs, enseignants de terrain, formateurs ou étudiants. «L’idée était d’établir une définition de concepts communs pour mieux communiquer», précise Edmée Runtz-Christan, membre du groupe de travail Recherche & Développement du Conseil académique des Hautes écoles romandes en charge de la formation des enseignants (CAHR).
L’enjeu de la formation des enseignantes et enseignants
L’une des forces de ce projet est de mobiliser toutes les Hautes écoles pédagogiques de Suisse romande: l’Université de Genève, la HEP-FR, la HEP-BEJUNE, la HEP-VS, la HEP-VD, ainsi que l’IFFP et la SUPSI. «Chaque institution a constitué un relais, proposant des contributrices et contributeurs pour rédiger une entrée spécifique du glossaire», précise Pierre François Coen, second responsable éditorial du projet. Afin d’établir cette mosaïque de concepts pédagogiques, les Hautes écoles ont ainsi fourni des contributions brèves, d’environ 6000 signes, selon leur expertise pédagogique – éthique et développement de l’identité, didactique des diverses branches enseignables, réflexivité ou pédagogie positive.
Faire état des savoirs entre les divers partenaires de la branche, qu’ils soient chercheurs, enseignants de terrain, formateurs ou étudiants.
Selon Edmée Runtz-Christan et Pierre-François Coen, cet ouvrage s’inscrit dans une perspective cruciale, qui est celle de la formation. D’abord, l’enjeu de sa durée, et la difficulté de se renouveler dans une profession qui n’évolue pas, ou peu, au fil du temps. «Beaucoup de profs arrêtent après trois ou quatre ans et se retrouvent démunis dans la suite à donner à leur parcours. Par ailleurs, l’année 2020 a mis sur le devant de la scène la thématique du numérique qui, loin d’éclipser le rôle de l’enseignant·e, tend plutôt à en souligner sa nécessité.» Dans ce sens, Edmée Runtz-Christan souligne l’importance, pour les étudiants et formateurs, «de disposer d’un langage ‘savant’, qui leur permette d’appréhender leur métier de manière professionnalisante.»
Un vocabulaire pour une profession
Pour autant, il ne s’agit pas d’un livre de référence au sens d’un dictionnaire figé, mais bien d’une mise en commun des savoirs. Ainsi, les deux responsables de publication conviennent que la liste de termes sélectionnés comporte une part de subjectivité, témoignant avant tout d’une volonté de partager un vocabulaire, de définir «quand on parle de ça, on entend…». Comme le soulève Pierre François Coen, «cela fait vingt ans que les Hautes écoles existent et forment de nouvelles générations d’enseignants. Ce livre a donc pour vocation de prendre de la hauteur, de dresser une sorte de bilan.»
L’ouvrage représente ainsi un arrêt sur image de la recherche et de la formation en matière d’enseignement, car il comprend autant de concepts-clés des années 2000 comme «compétence» que de nouveaux venus tels que «technologie numérique», «trajectoires professionnelles» ou «analytique de l’apprentissage». «Le professionnel définit le vocabulaire, et c’est dans ce sens que nous avons conçu ce livre, conclut Pierre François Coen. Mais ce professionnel sera encore amené à évoluer dans les années à venir.»
Pour aller plus loin
- Plus d’informations sur l’ouvrage
- Biographie d’Edmée Runtz-Christan
- Biographie de Pierre François Coen